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Published on: 21/04/2020

Le respect individuel des règles d’hygiène, notamment le lavage régulier des mains au savon constitue, sans aucun doute, l’une des mesures barrières les plus en vue pour freiner la propagation du COVID-19 qui fait des ravages, même dans les pays les plus développés. A ce titre, le secteur eau potable et assainissement occupe les devants de la scène, place qui devait, du reste, être toujours sienne, l’eau étant, dit à raison l’adage, « la vie ». A l’instar de plusieurs autres pays africains, le gouvernement du Burkina Faso a, ainsi, déployé des mesures, en vue de soulager les populations. Celles-ci, il faut le dire, subissent de plein fouet, l’impact socio-économique des restrictions liées au couvre-feu qui court de 19h à 5h du matin, à la fermeture des marchés et « yaars » et autres maquis et restaurants ou encore à la mise en quarantaine de toutes les villes ayant connu au moins un cas positif au COVID-19. Difficile donc, voire impossible pour les populations de se livrer, comme à l’accoutumée, à leurs diverses activités génératrices de revenus.

Le président Roch Kaboré annonce des mesures

Dans une logique d’accompagnement de ces populations éprouvées, le 2 avril 2020, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré a annoncé solennellement que l’Etat allait prendre en charge les factures d’eau des ménages moyens. Cette mesure implique « la prise en charge par l’Etat des factures d’eau de la tranche sociale, la gratuité de la consommation au niveau des bornes fontaines, l’annulation des pénalités sur les factures de l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA), la prise en charge des factures d’eau dans les marchés et « yaars », pour un montant total de 6,7 milliards de francs CFA. Comme le dirait le commerçant du grand marché de Ouagadougou, « c’est bon mais c’est pas arrivé ». Le constat est même très amer, vu que la frange de la population la plus vulnérable, « les ruraux » a été oubliée dans la prise de ces mesures. Tous ces Burkinabè constituent 70% de la population. Du reste, même en ville, que ce soit à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso ou ailleurs, la mise en œuvre de ces mesures pose énormément de problème.

L'or bleu est donc gratuit mais indisponible

A Bobo Dioulasso, les revendeurs d’eau voient leur business s’effondrer et se considèrent en chômage technique. La vente de l’eau étant leur seule source de revenue, c’est la période de vache maigre qui s’impose à eux. Pourtant, dans son allocution, le Ministre en charge de l’eau avait bien évoqué un accompagnement des gestionnaires de borne fontaine. Mais ces derniers s’inquiètent et attendent toujours de voir comment cette promesse du chef de l’Etat deviendra réalité. A Ouagadougou également, la sérénité n’est pas la chose la mieux partagée par les consommateurs, confrontés nuit et jour aux coupures intempestives et au mieux au faible débit de l’eau. L’or bleu est donc gratuit mais indisponible, du fait de la discontinuité du service. Comment une population peut-elle se laver régulièrement les mains avec de l’eau qu’elle n’a pas à portée de main ? Et les longues files au niveau des bornes fontaines qui n’arrêtent pas de s’étirer, alors qu’il faut veiller au respect du couvre-feu pour ne pas se faire malmener par les forces de l’ordre.

La situation au Mali

La situation est similaire au Mali. Au titre des mesures prises par le gouvernement malien pour alléger le fardeau des populations face au coronavirus, figure aussi la prise en charge par l'Etat des factures d'eau des plus démunis (consommation mensuelle maximum de 1000 FCFA) pour les mois d'avril et de mai. Une mesure qui ne semble pas convaincre la population, car en cette période de canicule, le consommateur souffre le martyr pour réussir l’exploit de tirer ne serait-ce qu’un seau d’eau du robinet. De longues files d’attentes s’observent également au niveau des bornes fontaines et il arrive, pour des usagers, d’en repartir bredouilles. En clair, une question d’indisponibilité de la ressource se pose.

La situation au Niger

Le Niger, quant à lui, priorise une campagne sur les mesures d’hygiène contre le coronavirus. Cette campagne consiste à disponibiliser des bassines pleines d’eau et équipées de robinets, de savon, et à mettre des gels désinfectants au niveau des entrées et à l’intérieur des endroits à haute fréquentation humaine. Dans cette dynamique, le ministre nigérien de l’Hydraulique et de l’Assainissement exhorte les citoyens au lavage régulier des mains à l’eau et au savon. Selon lui, une bonne gestion de l’eau dans les foyers est nécessaire pour la préservation de l’hygiène surtout en cette période de pandémie du coronavirus.  Néanmoins, les dispositifs de lavage des mains ne sont pas disponibles à tous les niveaux. Dans les cas où ils le sont, le problème d’indisponibilité de la ressource en eau est toujours présent à travers l’insuffisance de points d’eau potable au niveau communautaire.  Le lavage régulier des mains recommandé à la population ne pourrait donc être respecté quand bien même volonté y est.

Le respect strict des règles d'hygiène

L’une des mesures préconisées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), et prise à leur compte par les divers pays contre le coronavirus, est donc le respect strict des règles d’hygiène. Cela implique une disponibilité de l’eau potable au profit des populations surtout les plus démunies. Pourtant, du Burkina Faso, au Niger en passant par le Mali, une bonne partie de la population n’a pas accès à l’eau potable. Ainsi, malgré la gratuité de l’eau, mesure d’accompagnement qui écarte déjà les « ruraux » qui sont les plus touchés par le manque d’eau, ce sera une gageure pour les populations de respecter les mesures d’hygiène car avec le peu d’eau qu’elles arrivent à obtenir, elles ne pourront pas se permettre le luxe de se laver les mains selon un rythme convenable dans la guerre contre la propagation du COVID-19.

Éviter de laisser des couches sociales à quai

Pour IRC, une structure qui se bat depuis des années aux côtés du gouvernement et de la société civile pour un accès universel aux services d’eau potable et d’assainissement, ces mesures devraient être revisitées et améliorées. Les autorités devraient être plus proches des besoins des populations et impliquer, par ailleurs, les Organisations de la Société Civile dans les prises de décision. Toute chose qui pourrait permettre d’éviter de laisser des couches sociales à quai et de trouver une meilleure alternative pour soulager les populations en cette période de pandémie.

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