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Publié le: 13/06/2014

Par Marielle Snel et Carmen da Silva Wells

Qu’est-ce que cela veut dire, concrètement, de ne pas avoir de toilettes ou d’eau courante à disposition quand on a ses règles ? De ne pas avoir d’antalgiques ni de serviettes sanitaires à disposition? Comment gérer ce moment chaque mois la honte ou le rejet guette ? Vers qui se tourner pour savoir comment assurer une bonne hygiène menstruelle ? 

La recherche d’IRC (en collaboration avec la SNV) dans les écoles ougandaises a montré que les adolescentes restent plus souvent à la maison lorsqu’elles ont leurs règles. Dans les 140 écoles sondées, les filles ont déclaré manquer de 8 à 24 jours d’école chaque année, ce qui entraîne des retards dans l’apprentissage, voire l’abandon de la scolarité.

La menstruation est un processus naturel qui fait partie de la vie normale – et qui est indispensable à l'existence de l’humanité. Il dure entre deux et sept jours pour la plupart des femmes et jeunes filles, ce qui totalise près de 3 000 jours de règles en moyenne au cours d’une vie. Or dans beaucoup d’endroits dans le monde, la menstruation est un sujet tabou, associé à des attitudes négatives dans beaucoup de cultures – la femme serait alors « contaminée », « souillée » ou « impure ».

Dans les zones rurales en particulier, l’accès à du matériel sanitaire abordable et hygiénique est limité ; les femmes et les jeunes filles ont alors recours à de vieux chiffons, des feuilles sèches ou des bottes d’herbe. Les installations sanitaires sont très souvent conçues sans tenir compte des besoins liés à l'hygiène menstruelle ; par exemple, on trouve des écoles sans espaces privés ni salles de lavage pour les filles, sans dispositifs permettant de se débarrasser de serviettes ou de tampons usagés. Filles et garçons sont peu et mal informés sur les changements qui affectent leur corps au seuil de l'âge adulte.

Comprendre la situation pour agir

Malgré tous ces problèmes, l’hygiène menstruelle a été jusqu'ici largement ignorée par les professionnels des secteurs de l’eau, de la santé et de l’éducation. Cette année, pour la première fois, le 28 mai est consacré « Journée de l’hygiène menstruelle ». L’instauration de la Journée de l'hygiène menstruelle vise à rompre le silence et à sensibiliser le public sur l’importance d'une bonne hygiène menstruelle, et le mot d’ordre pour 2014 est : « Brisons le tabou des règles ». WASH United a organisé une campagne dynamique dans les médias sociaux en préparation au 28 mai (voir #Menstruationmatters). Le site www.menstrualhygieneday.org propose quantité de ressources utiles.  

Expliquer pourquoi #Menstruationmatters

Il est nécessaire de valider les données existantes et d’approfondir cette question afin d’aborder efficacement les décideurs, les enseignants, les parents et les enfants. Il nous faut mieux comprendre la situation dans laquelle se trouvent les jeunes filles et comment nous pouvons mieux les aider avec les ressources disponibles. Cela implique notamment de tisser des liens avec le secteur privé et les entrepreneurs sociaux travaillant sur les articles sanitaires abordables, et de tirer les leçons des programmes d’AEPHA qui abordent l’hygiène menstruelle (comme le programme BRAC WASH au Bangladesh).

En août prochain, IRC présentera les résultats de son étude ougandaise lors du Congrès sur la gestion de l’hygiène menstruelle qui se tiendra à Kampala (Ouganda), organisé par NETWAS Uganda et ses partenaires pour partager sur le thème de l’amélioration de la gestion de l’hygiène menstruelle dans les écoles, les institutions et les collectivités.

Comment la gestion menstruelle s’inscrit-elle dans la fourniture de services ?

À IRC, on parle de la fourniture de services  pour souligner que l’accès à l’eau et l’assainissement nécessite un changement d’approche : il s’agit de passer de la mise en place d’infrastructures à la prestation de services pour tous. Adopter une telle approche implique de tenir compte à la fois du matériel (éléments techniques et infrastructures) ainsi que  de la composante « immatérielle » (renforcement des capacités, soutien institutionnel, planification financière…), les deux aspects étant nécessaires pour assurer durablement un certain niveau de service.

Pour instaurer une bonne gestion de l’hygiène menstruelle, il faut une approche globale, comprenant l’approvisionnement en eau fiable, des toilettes fonctionnelles, des espaces privés et le matériel adéquat (serviettes/tampons), sans oublier l’éducation des filles et des garçons sur le cycle menstruel et l'hygiène intime.

Ces dispositifs et conditions sont indispensables pour permettre aux filles d’aller chaque jour à l’école, même pendant leurs règles. Si la bonne gestion de l’hygiène menstruelle est cruciale pour la dignité et le bien-être des femmes et des jeunes filles, elle fait aussi partie des services de base d’hygiène, d’assainissement et de santé reproductive auxquels chacune et chacun a un droit fondamental.

Source en anglais: http://www.ircwash.org/blog/why-focus-menstrual-hygiene-management

Exonération de responsabilité

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