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Publié le: 08/11/2011

Nous sommes au quartier Copacabana. Un des plus beaux quartiers de Rio de Janeiro et assurément un des plus beau du monde. Ici, le football est une seconde nature. De l’aube à l’aube, jeunes et moins jeunes s’adonnent à cœur joie à ce sport à la plage. Par ci,  des statues de sable, par là,  des jeunes femmes en bikini se bronzent au soleil ou jouent au beach soccer, le football à la plage.  Fiona est venue tirer sa fille en la grondant : « Où étais-tu ? ». « Je suis venue respirer de l’air pure à la plage », lance la fillette d’environ 9 ans. « On rentre », dit la mère d’un ton autoritaire. L’enfant et la dame rejoignent l’une des collines les plus proches de la plage. C’est ici à Copacabana qu’elles vivent.

Une suite de maisons contiguës sont construites tout autour et au sommet de la colline. Des enfants, torses nus, jouent au ballon. Des motos vont et viennent se garer devant de petits bars de thé. A un pas, en allant vers la cime de la colline, les locaux d’une congrégation chrétienne. Un escalier long comme celle d’une maison à dix étages mène entre autre à cette salle. Juste derrière, les locaux de la congrégation et un peu plus haut, vit la dame et sa fille. Fiona, environ 30 ans est serveuse dans l’un des bars de thé. La plage de Copacabana est à seulement une dizaine de minutes d’ici. Sara, sa fille de 9 ans se débat comme un prisonnier évadé et rattrapé. Elle crache dans le petit ruisseau d’eau souillée que les deux rencontrent sur leur passage

Selon Fiona, c’est difficile d’être au paradis dans les favelas. La plupart des ménages qui y vivent  ont des problèmes d’eau potable et d’assainissement. « Même en étant à Rio, l’apparence trompe. Tout le monde n’a pas accès à des toilettes sanitaires. Même si les déchets solides sont plus ou moins bien gérés, ceux liquides ont besoin de plus d’attention » insiste-t’-elle.

Mariana, 22 ans, est revendeuse de légume ici dans les favelas de Copacabana. Sur ses étalages, des fruits et des légumes verts. En face d’elle, d’autres vendeuses et quelques taxi-motos. Derrière, comme dans un magasin, des poubelles d’ordures ménagères entassées dans une boite à déchets, dégagent une odeur caractéristique. A côté de l’étalage coule comme un ruisseau le long de la colline, une eau de couleur cendre nauséabonde et puante. Le courant d’eau est régulier et permanent. « C’est notre compagnon, s’exclame Mariana. Comme la propreté et la beauté caractérisent les plages et les quartiers chics, les odeurs et l’insécurité caractérisent les favelas. C’est un enfer invisible dans le paradis ». Pour elle, cette eau puante vient du haut des collines et est la somme des eaux usées des ménages. « Si vous allez un peu plus haut sur la colline, vous verrez une vague d’eau souillée qui coule comme une rivière » poursuit-elle.

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Les petits ruisseaux d’eaux souillées ne sont que la face visible des icebergs d’eaux polluées au Brésil. Dans les grandes villes comme à Rio de Janeiro, les cours d’eau sont inondées d’eaux usées issues des ménages ou de l’industrie. Selon la Banque Mondiale, à peine 35% des eaux usées sont traitées et recyclées. L’Etat a mis sur pied une politique d’assainissement de base dite "Saneamento basico" en Portugais, afin de mettre en œuvre et d’évaluer les technologies de distribution d’eau potable, de traitement des eaux usées entre autres.

Sur le plan national, le taux de couverture en eau et assainissement est d’environ   80%. Mais l’insuffisance des services d’EHA dans les milieux pauvres ou ruraux, ajoutée à la pollution due à l’industrialisation constituent les ‘casseroles’ du modèle brésilien. Un pays riche en ressources minières, émergeant et charmant qui a ses limites en matière de gestion des eaux usées. Selon le National household sample Survey, une enquête conduite par l’Etat brésilien, la couverture nationale en matière d’égout dans les villes est de 70%. Les 30% autres non couverts se retrouvant dans les milieux cités plus haut.

Toutefois, une nouvelle loi votée sur l’EHA au Brésil permet un plus grand investissement dans le secteur sur 20ans. La mise en œuvre de cette disposition légale a fait mobiliser plus de 200 millions de dollars US. Un espoir pour les habitants des favelas, qui avaient déjà fort à faire avec l’insécurité et la pauvreté.

Pacôme Tomètissi,

Pacôme Tomètissi,  Journaliste-réalisateur, spécialiste en communication et militant des droits de l’homme, a séjourné à Rio de Janeiro au Brésil où il a participé en octobre 2011 à la Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé organisée par l’OMS et le gouvernement brésilien.

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