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Publié le: 02/08/2011

Un puits artisanal à Zogbadjè Pacôme

La pluie vient de cesser. Salomé pousse un ouf de soulagement. Elle peut maintenant se procurer de l’eau chez les voisins de la troisième maison à gauche. Chez elle, le puits comme à chaque fois qu’il pleut, est remplie d’eau de ruissellement. Pas de différence entre l’eau boueuse qui coule encore sous ses pieds et celle du puits. Elle saisit une bassine et fonce vers la cinquième maison à quelque 200 mètres de chez elle.

C’est ici qu’elle vient se procurer de l’eau à chaque fois qu’une forte pluie s’abat sur Zogbadjè. Les épaules nus et le pagne noué au dessus de la poitrine, Salomé toque au portail de Fifonsi, la propriétaire du puits. « C’est qui ? demande celle-ci »  « C’est Salomé, je viens puiser une bassine d’eau dans votre puits » « Aujourd’hui, nous faisons une journée sans eau, donc tu ne vas pas puiser ici ! lance Fifonsi » « Ah bon, réplique Salomé, si je ne puise pas tout de suite, je ne marierai plus ton fils ainé ! »  « Non, non, non, reprend Fifonsi, viens puiser tout de suite, mon fils tient à toi, tu peux même puiser toute l’eau qu’il y a là dedans ». Puis les deux femmes éclatent ensemble de rire avant que Salomé n’aille puiser son eau pour retourner cuire les escargots qu’elle a ramassés hier après la pluie.

Salomé et Fifonsi sont revendeuses au marché de Calavi. A l’instar d’elles, tous les foyers se procurent de l’eau dans les puits ici à Zogbadjè. En saisons pluvieuses, les puits pollués sont abandonnés aux profils de ceux dont l’eau est encore propre.  Salomé explique que leur maison comme la plupart de celles de la zone est dans un versant, du coup, l’eau de leur puits est polluée et ils peuvent à peine faire la vaisselle avec. Certains ménages collectent l’eau de pluie dans des citernes ou des tonneaux. Mais les toits étant poussiéreux, les premières pluies permettent de les laver.

« Quand mes parents construisaient ici, affirme Salomé, il n’y avait pas d’eau stagnante. Le puits était propre et son eau, potable. Mais depuis que des maisons sont construites dans les bas-fonds voisins, on dirait que les eaux qui devraient stagner ailleurs viennent ici parce que nous sommes dans un versant. Mais il n’y a pas que cela qui nous cause des ennuis ici. Il pleut de plus en plus trop. Les saisons changent. Avant, ici, en août il n’y avait pas de fortes pluies. Il y avait seulement de fines pluies perturbatrices. Aujourd’hui, il pleut drue en août.»  Pour Salomé, ce qui fait le problème, ce n’est pas la pénurie d’eau, mais la salubrité des eaux disponibles. C’est pourquoi, pour être à l’abri des maladies liées à l’hygiène, elle conseille de boire l’eau des puits en hauteur couverts, donc, hors de portée de la poussière.

Gérard Assouvi est instituteur ici à Zogbadjè. Il explique qu’en saison pluvieuse les voisins s’attroupent autour de son puits parce que les leurs situés dans des endroits pollués ne sont pas salubres. Pour Victorin, étudiant en hydrologie à l’Université d’Abomey Calavi et habitant de Zogbadjè, on ne sent l’absence de couverture en eau potable de la Société nationale des eaux du Bénin que dans les concessions où stagne l’eau. « Car à part ces cas, explique  t-il, la plupart des autres puits sont salubres à toutes les saisons ».

Dans le cadre le la stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté, le gouvernement ambitionne de généraliser l’approvisionnement en eau afin d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement fixés pour 2015. En attendant, les habitants devront compter sur l’eau des puits et la solidarité des voisins pour leurs besoins en eau potable.

Par : Pacôme Tomètissi

Histoire envoyée pour le concours de la 3eme édition de SNES en 2011

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