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Publié le: 25/04/2008

Si les déchets sont éliminés à partir des dépotoirs au niveau des foyers, il arrive que ces collecteurs de déchets soient débordés. Comment alors procéder à l’évacuation finale des déchets ? Faudra-t-il les déverser dans les rues ? C’est malheureusement le procédé le plus simple à appliquer.

 

Partant de cette réalité, il est clair que l’inopérationalité de services de santé environnementale et l’inexistence de sites de décharge publique représentent des obstacles non négligeables à la promotion de l’assainissement.

En guise des réponses aux problèmes d’insalubrité publique, les autorités de certaines régions ont pris de mesures d’interdiction stricte d’évacuation de déchets à l’air libre et les travaux communautaires d’assainissement. Il n’en demeure pas moins que ces mesures ont moins ou mal réussi : Les matières usées parsèment toujours les rues et les avenues dans les zones urbaines, semi urbaines et rurales.

 

Cela accentue non seulement des risques pour la santé mais aussi des nuisances écologiques. Souvent, ces mesures coercitives de promotion de l’assainissement ne sont pas accompagnées de mesures incitatives et des mécanismes de contrôle appropriés.  Les mesures de contrôle s’ils ont lieu, se limitent à la vérification périodique des installations WASH * (Eau, Hygiène, Assainissement ou Water, Sanitation and Hygiene) au niveau des foyers et des communautés.

 

Les ménages dont les installations d’hygiène sont absentes ou insalubres sont tenus à souscrire de taxes. De cela, l’idée de l’assainissement est alors associée à l’entretien périodique de la cour de la maison et des latrines, dans le cas où elles existent, pour échapper aux taxes. Par ailleurs, dans bien de cas, la fin des programmes d’aide s’accompagne de la dégradation des ouvrages et du recul des améliorations d’assainissement. Cette lacune est souvent imputable à une maintenance insuffisante, à une expertise locale faible, à la non cotisation des usagers, au relâchement de bonnes pratiques, de l’engagement communautaire et à l’insuffisance de suivi des indicateurs clés d’assainissement dans les communautés.

 

Les programmes d’assainissement moins attentifs à l’engagement communautaire n’ont pas favorisé une appropriation viable des ouvrages et des pratiques clés par les communautés. Dans ce cas, les membres de la communauté sont recrutés pour les travaux rémunérés sans mettre un accent fort sur la conscientisation vers une autonomisation des communautés.En revanche, partant d’une telle expérience, les programmes de sanitation qui appellent un engagement communautaire plus fort peuvent faire face aux revendications des avantages matériels de la part des usagers pour les travaux communautaires exécutés.

 

La « participation communautaire » peut être perçue par les habitants comme proche de la manipulation et de l’exploitation : Le programme disposerait assez des ressources pour payer à nous tous des primes. La qualité de la communication dans les programmes d’assainissement est donc un élément capital pour le succès des interventions.

Nous devons être conscients que la pérennisation des ouvrages, des améliorations de connaissances et de pratiques d’assainissement exige une éducation, une conscientisation et une autonomie des communautés par rapport à la construction des installations, aux systèmes de maintenance et de recouvrement de coûts. D’autre part, le genre, les traditions, le niveau socio-économique, les croyances, la volonté politique, la motivation des individus,… constituent des contraintes au progrès de l’assainissement. Les traditions en usage peuvent tolérer l’exposition des déchets en plein air et attribuer aux femmes l’essentiel des tâches de l’assainissement.

 

L’hygiène est alors une affaire exclusive de femmes. Si certaines traditions encouragent de bonnes pratiques d’hygiène, pour d’autres, le lavage régulier des mains peut être pris de moindre utilité. L’accès aux systèmes d’assainissement améliorés peut se révéler difficile pour les personnes à faibles revenus. De ce fait, les pauvres n’ont donc pas d’autre alternative que d’avoir recours aux défécations en brousse ou à l’utilisation quotidienne de l’eau souillée pour leurs besoins vitaux…

 

En conséquence, l’insuffisance ou l’existencel'inexistence de latrines et une mauvaise élimination des excréments favorisent la pullulation  des mouches. La pullulation  des mouches signifie alors une bonne propagation des maladies parasitaires et infectieuses.

 

Pire encore, les gouvernements accordent moins de ressources et de priorité à l’assainissement. Cela comme pour dire: Investissons d’abord dans la productivité industrielle, l’assainissement peut toujours attendre. Nous pourrions intervenir rapidement en situation de crise. L’assainissement  reste donc un domaine abandonné à lui-même. Et pourtant, d’une part, les secteurs socio-économiques ont des répercussions souvent lourdes sur l’assainissement. D’autre part, les progrès dans le secteur de l’assainissement auraient un effet d’entraînement positif dans les secteurs socio économiques et autres. Le réchauffement planétaire et le changement climatique représentent à ces jours une menace terrible pour l’environnement,la sécurité alimentaire, la vie humaine et la santé publique. Et comme si cela n’était pas suffisant, le feu de brousse, la surexploitation et la pollution des ressources naturelles (eaux, forêts, sol,…) demeurent de pratiques systématiques à l’ordre du jour dans de  nombreuses régions du monde.

 

La mise en route d’un programme de plaidoyer axé sur l’ampleur des défis actuels, les politiques cohérentes, les pratiques clés et les initiatives possibles peut stimuler les acteurs  à différents niveaux et les communautés à réajuster le tir en toute conscience et à mieux affronter les défis de l’environnement dans une perspective globale. Certes, il n’y a pas de discussion sur la contribution positive des améliorations de l’assainissement à la progression vers les objectifs du millénaire pour le développement.

 

« Si nous avions pensé aux ouvrages de l’eau et assainissement avant de construire l’hôpital, nous aurions pu déjà réduire la prévalence de nombreuses maladies et améliorer notre niveau de vie ». C’est en ces termes que s’alarmait dans un village du Sud – Kivu, un leader paysan de voir les habitants souffrir de verminoses et des diarrhées.

Les problèmes d’assainissement engendrent nombreux problèmes de santé qui retiennent les énergies de développement. Les maladies liées à l’assainissement aggravent la mortalité et dévastent les maigres revenus des familles. Par ailleurs, il ne fait point de doute que la disponibilité des ouvrages et des services d’assainissement améliore certainement la qualité de vie des populations. La conscientisation des communautés à la construction des systèmes d’assainissement, à la potabilisation de l’eau, à l’élimination sûre des excréments et à une consommation prudente des combustibles est d’une importance fondamentale pour sortir du cercle infernal des maladies et limiter les pollutions de l’environnement.

 

De même, la mise en place des systèmes de sanitation, l’extension de leur couverture, la réduction d’élimination des déchets, le contrôle des constructions anarchiques et de l’exploitation des ressources naturelles, l’agroforesterie, l’utilisation des énergies plus écologiques dans nos industries et nos ménages,les initiatives endogènes de réduction de la pauvreté … ne sont que quelques mesures dont nous devons tenir compte dans nos actions si nous voulons fermer la porte à l’épisode des maladies, de pertes en vies humaines et aux dommages causés à l’environnement en vue de construire un avenir meilleur dans un environnement sûr. Polluer l’environnement, c’est mettre le feu sur sa propre maison.

Renouvelons à présent notre engagement à adopter les modes de vie, de production économique et de consommation plus protecteurs de notre environnement.

Vivre dans un environnement sain est un endroit inaliénable de la personne humaine.

 

Dès maintenant, faisons de ce droit une réalité en partant des ressources, des connaissances disponibles, des pratiques vécues et de ce que nous sommes capables de transformer dans nos communautés. Ne perdons pas de vue que l’année en cours est dédiée à l’assainissement.

 

Pierre A. PANDA

 
Responsable de Programmes & Conseiller en Développement  SYNERGIE GRAIFA-SOS AFYEKI

Email : pandasty@yahoo.com, amkardc@yahoo.fr  

 

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