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Publié le: 04/04/2011

Pourquoi tant de pays en développement ne réussissent pas à fournir à tous les citoyens un bon assainissement ? Pourquoi n’investissent-ils pas dans l’assainissement ? Ne sont-ils pas très préoccupés par la morbidité et la mortalité qui découlent de cette situation ? Il y a eu beaucoup de belles paroles, bien sûr, comme en témoignent les déclarations à toutes les différentes récentes conférences régionales sur l’assainissement, mais réellement peu d’actions ont été menées par la suite.

Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de bons systèmes d’assainissement. Nous savons tous (ou nous devrions tous le savoir) quels systèmes sont appropriés dans ce cas – par exemple, mon choix serait :

* dans les zones rurales à faible densité : des arborloos, des fossas alternas, des latrines à VIP à fosse unique et des latrines à fosse unique avec chasse d’eau ;
* en ville et dans les villages importants, à densité moyenne : des latrines à voûte améliorée ventilées avec séparation d’urine – ces systèmes sont toujours en alternance à voûte jumelée (ou UD – VIV, pour faire court, elles sont également connus comme latrines eThekwini – mais il nous faut des versions moins coûteuses ) et des latrines à double fosse et à chasse d’eau alternée, bien qu’un système d’égouts simplifié puisse être moins cher (ou à prix abordable de préférence), et
* dans les zones urbaines à forte densité : un système d’égouts simplifié (également connu sous le nom d’égouts condominium) et un système d’égout à faible coût combiné ou lorsque ces options sont inabordables, les blocs de latrines du style SPARC gérés par la communauté.

Il n’y a pas beaucoup d’options, donc pas vraiment difficile à comprendre de tous.

Alors, pourquoi ces systèmes ne sont-ils pas mis en œuvre à l’échelle requise ? Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas l’argent, car toute banque de développement sera disposée à financer une proposition bien préparée pour améliorer l’accès à l’assainissement des citadins ou des pauvres en milieu rural (les fonds sont même disponibles pour aider les gouvernements à préparer de tels projets). Alors, qu’est-ce qui empêche les pays en développement de mieux faire ?

Certains pays ont vraiment réussi – par exemple, la Malaisie et la Thaïlande en 2008 :

En Malaisie

En zone urbaine :

  • amélioration de l’assainissement : 96% ;
  • assainissement collectif : 4%

En zone rurale :

  • amélioration de l’assainissement : 95% ;
  • assainissement collectif : 4% ;
  • défécation en plein air : 1%

En Thaïlande

En zones urbaine :

  • amélioration de l’assainissement : 95% ;
  • assainissement collectif : 5%

En zone rurale :

  • amélioration de l’assainissement : 96% ;
  • assainissement collectif : 4%

Ces deux pays ont si bien réussi, car ils pensent “propre” et ont ‘investi dans la propreté’ ? Il y a quelques pays qui ne semblent pas penser à la propreté – au moins comme en témoigne le nombre de leurs citoyens qui pratiquent la défécation en plein air : en 2008, il y avait 27 pays en Afrique où plus de 20% de la population déféquaient en plein air, 8 en Asie et 2 en Amérique latine et aux Caraïbes (la moyenne des pays en développement était de 21%). Certains pays se sont plutôt bien attaqués à la défécation en plein air – par exemple, au Vietnam, seulement 6% de la population s’adonnent à la défécation en plein air en 2008, contre 42% en 1990.

Alors qu’est-ce qui empêche d’autres pays de faire comme la Malaisie et la Thaïlande ? Pourquoi ne pas penser propre ? Eh bien, à en juger par leur médiocre bilan au niveau de l’action, de hauts responsables politiques et hauts fonctionnaires ne semblent pas estimer que penser propre ou investir dans des technologies propres soit important (et, bien sûr, il ne peut y avoir de solution sans solutions politiques). Un autre gros problème porte sur l’ignorance technique des ingénieurs locaux qui sont généralement trop mal payés pour être motivés à corriger la situation. Et, bien sûr, il y a trop de corruption en général et dans le secteur de l’eau et de l’assainissement en particulier.

Comment les agences d’aide bilatérale et multilatérale peuvent-elles mieux aider les gouvernements des pays en développement à faire plus ? Mon opinion est que l’aide au développement dans le secteur de l’eau et de l’assainissement devrait porter sur l’apport de formation technique, afin de combler l’écart en connaissances de l’assainissement qui entrave actuellement la planification et la mise en œuvre de l’assainissement. Les banques de développement devraient faire ce qu’elles font actuellement – en apportant de bons conseils techniques et des prêts aux projets vraiment bien préparés – mais à une échelle beaucoup plus grande. Toute autre aide au développement doit être axée sur les résultats et réservée à ces pays qui ont un trop grand nombre de personnes qui pratiquent la défécation en plein d’air. Nous devons nous attaquer aux premiers « milliards les plus pauvres ».

Duncan Mara, Université de Leeds, Royaume Uni

Source : E-Source, 17 février 2011

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