Retour sur l'atelier international de Ouagadougou
Published on: 04/12/2024
Du 26 au 28 novembre 2024, des experts nationaux et internationaux se sont réunis à Ouagadougou pour réfléchir aux réformes nécessaires pour améliorer les services publics d’eau potable en milieu rural au Burkina Faso. Cet atelier a mis en évidence l’urgence d’une régulation robuste et adaptée, capable de relever les défis complexes du secteur. À travers cet article, je partage une analyse approfondie et des recommandations pour accompagner cette transformation essentielle.
Le secteur de l’eau potable en milieu rural souffre de lacunes dans trois domaines clés :
Ces trois éléments, bien qu’interdépendants, nécessitent une approche coordonnée pour garantir un accès équitable et durable à l’eau.
Six dimensions de la régulation : Un cadre stratégique
Inspirées des meilleures pratiques internationales, les six dimensions de régulation identifiées par ESAWAS offrent un cadre complet :
Ces dimensions guident l’analyse des priorités stratégiques et des actions nécessaires pour le Burkina Faso.
Les expériences de pays comme le Kenya, le Mozambique et la Mauritanie, ainsi que celles de l’ARCEP et de l’ARSE au Burkina Faso, montrent qu’une régulation efficace repose sur :
En s’appuyant sur ces enseignements, voici les priorités identifiées pour les six dimensions de régulation au Burkina Faso :
Pour répondre aux spécificités locales, un modèle hybride est recommandé :
Ce modèle garantit à la fois viabilité financière, équité et efficacité dans la gestion des services.
La transformation de la régulation des services publics d’eau potable en milieu rural au Burkina Faso repose sur une mise en œuvre progressive et cohérente.
En 2024-2025, l’objectif principal est d’établir les bases institutionnelles et juridiques, notamment en révisant les cadres réglementaires, en créant un régulateur sectoriel dédié et en formant les collectivités locales à la gestion des contrats et à l’utilisation d’outils numériques. La création du régulateur exige une étude approfondie de faisabilité des modalités institutionnelles, organisationnelles et opérationnelle.
Ensuite, en 2025-2026, le focus sera mis sur le déploiement des outils technologiques, tels qu’une plateforme numérique centralisée pour le suivi des performances techniques et financières, et sur le renforcement des capacités des opérateurs à respecter les nouvelles normes.
L’année 2026 sera consacrée à l’évaluation des réformes, avec une analyse approfondie de leur impact sur la viabilité financière, l’équité tarifaire et la qualité des services. Les ajustements nécessaires seront apportés aux cadres tarifaires, contractuels et technologiques pour corriger les lacunes identifiées.
Enfin, en 2027, les efforts se concentreront sur la consolidation et la pérennisation des acquis. Cela inclut l’extension des outils numériques à toutes les communes rurales, la publication régulière de rapports de performance pour renforcer la transparence, et la mobilisation de financements additionnels pour soutenir les infrastructures rurales.
Cette feuille de route, fondée sur une progression logique et des objectifs mesurables, garantit une régulation durable, inclusive et adaptée aux réalités locales.
L’atelier de Ouagadougou a souligné l’urgence d’une réforme structurelle pour améliorer les services d’eau potable en milieu rural au Burkina Faso. En adoptant un modèle de régulation hybride, aligné sur les meilleures pratiques internationales et soutenu par une feuille de route claire, le pays peut relever les défis majeurs et garantir un accès équitable à l’eau pour tous. La réussite de cette transformation dépendra de l’engagement collectif des autorités, des partenaires techniques et des usagers.
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