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Publié le: 09/12/2014

Ce blog est co-écrit par Mélanie Carrasco.

Ce blog est le troisième d'une série sur le thème. La présentation de la méthodologie utilisée est présentée dans deux précédents billets et disponibles dans la rubrique « blog » de notre site.
LVIA et ses partenaires finalisent en 2014 un programme d'assainissement de 4 ans dans 12 communes du Burkina Faso qui a pour objectif principal la construction de 4500 latrines EcoSan. Pour l'application de cette méthodologie, un échantillon de 458 ménages dans 4 communes a été enquêté : es ménages possédants des latrines EcoSan, d'autres types de latrines ainsi que des ménages sans latrines. L'enquête a porté sur leurs habitudes d'assainissement et de lavage des mains, et lorsque pertinent, la gestion de leurs excrétas.

Le confinement des fèces et l'utilisation des latrines

Sur un échantillon de 386 ménages, 68% ont une utilisation adéquate des latrines EcoSan, c'est-à-dire que l'ensemble des membres du ménage déclarent utiliser leur latrine pour tous leurs besoins, en plus d'en assurer la maintenance. Ce taux est de 54% pour les ménages possédant d'autres types de latrines. Bien que cela constitue un bon résultat, la moitié des ménages enquêtés n'utilisent pas la latrine en tout temps, notamment pour uriner. A noter également que 78% des ménages ont une latrine sans insectes, avec une dalle propre et une superstructure en bon état (murs, porte et toit), qu'elle soit utilisée par l'ensemble du ménage ou non. Au-delà de l'acquisition et de la maintenance de l'ouvrage, les résultats démontre qu'un travail de sensibilisation pour l'usage des latrines est indispensable afin d'en assurer l'adoption totale.

Confinement des fèces et utilisation de la latrine

 

 

 

 

 

 

Gestion des sous-produits EcoSan

91% des ménages possédant une latrine EcoSan séparent les urines des fèces afin de les réutiliser comme fertilisants. Par contre, les fèces semblent avoir une plus grande valeur aux yeux des ménages que les urines : 70% des ménages appliquent convenablement les méthodes de stockage et d'hygiénisation requis. Ce taux n'est que de 19% pour les urines. La fragilité du branchement et la manipulation des bidons, qui demandent une intervention plus régulière de la part du ménage que pour les fèces, semble décourager les ménages. Dans ce cas, une combinaison d'améliorations techniques et de campagnes de sensibilisation mieux ciblés pourrait améliorer ce résultat. Par ailleurs, il semble que l'urine, de par ses caractéristiques, ne soit pas considérée avec autant d'intérêt que les fèces, que ce soit pour l'utilisation de la latrine ou pour sa réutilisation.


Gestion des sous-produits EcoSan


Lavage des mains avec du savon après défécation

Lavage des mains avec du savon après défécation

A noter que les latrines Ecosan disposent généralement d'une aire de lavage des mains équipée d'une bouilloire de plastique dans la latrine, ce qui n'est pas le cas pour les autres types de latrines de l'échantillon. Un quart des ménages possédant une latrine EcoSan dispose d'un équipement de lavage des mains, d'eau en quantité suffisante et de savon et affirme l'utiliser adéquatement. Aucun ménage possédant une autre latrine n'atteint ce niveau de pratique. Cependant, 59% des ménages avec EcoSan ont au moins un membre qui ne se lave pas les mains systématiquement après l'usage de la latrine.

Conclusions

Après une première lecture des résultats, on peut croire que la mise en œuvre d'ouvrages EcoSan favorise davantage l'adoption de nouveaux comportements, notamment à ce qui a trait à l'usage de latrines. Dans la présente étude, on voit qu'un plus grand nombre de ménages ayant acquis une latrine EcoSan dans le cadre du programme LVIA ont adopté de nouvelles pratiques que ceux qui ont bénéficié de latrines dans le cadre de programmes plus anciens. Même si la qualité des campagnes de promotion et le type des latrines ont un rôle à jouer dans ce résultat, il est encore trop tôt pour savoir si ces pratiques seront maintenues dans le temps. Et c'est là le drame : le programme LVIA est à présent terminé, et à moins qu'ils ne bénéficient d'un nouveau financement, on ne saura jamais si les ménages touchés continuent – ou non - d'utiliser la latrine, de réutiliser les excrétas ou de se laver les mains après défécation dans 6 mois, dans 2 ans ou dans 10 ans.

Le lavage des mains est le maillon faible de l'intervention de LVIA, mais c'est sans surprise, puisque ce n'est pas le focus principal de son intervention. D'ailleurs, ce cas n'est pas isolé : mis à part de rares exceptions, l'hygiène reste le parent pauvre des interventions AEPHA. Ainsi, même si les principales ressources publiées (par l'OMS et le WSSCC parmi d'autres) indiquent que les interventions sur le lavage des mains doivent s'accompagner d'une réelle stratégie de sensibilisation planifiée sur le long terme et déclinée en différents messages pour une mise en œuvre réussie, la transposition sur le terrain n'est pas encore au point. A notre avis, la principale faille porte sur l'absence des stratégies nationales de santé publique menées et coordonnées par les autorités publiques. La mise en œuvre d'une intervention visant le changement de comportement ne peut être l'œuvre d'un seul projet d'une durée de 3 ou 4 ans ; elle doit en effet s'inscrire dans un cadre plus large. Les gouvernements doivent se donner les moyens nécessaires pour changer les pratiques de ses populations de façon pérenne, en commençant par créer de réelles synergies avec le domaine de la santé.

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